Ascendance

Le choix de la première photo d’une édition est toujours délicat. Si je commence à y réfléchir plusieurs semaines avant son lancement, en général, je ne finalise mon choix que la veille. Non sans avoir confronté ma sélection à un ou deux regards extérieurs... Les contraintes sont faibles : une photo prise dans l’année, une photo polysémique surtout qui inspirera différemment les trois personnes qui voudront bien lui donner une suite. Suite qui elle-même orientera le cours de l’arbre pour plusieurs générations. Ensuite, le subjectif et le conjoncturel l’emportent.


Direction Iquique donc, une ville du nord du Chili littéralement coincée entre l’Océan Pacifique, qui ne l’est pas toujours comme le rappellent les nombreux panneaux disséminés dans ses rues et indiquant la route à suivre en cas de tsunami, et cette incroyable montagne-dune, derrière laquelle se déploie, sur des centaines de kilomètres, l’aridité sans pareil du désert d’Atacama.


Entre ces deux incarnations de la nature, menaçantes et enchanteresses, et à l’abri de quelques maisons faites de bric et de broc, ces jeunes graffeurs marquent, en toute quiétude et avec l’aval de notre étoile à tous, leur territoire de leurs couleurs vives, signes encore indéchiffrables et dessins en devenir. Un soleil qui, à cette heure de proche révérence, se fait lui-même peintre et dont les rayons-pinceaux aux teintes mordorées mettent magnifiquement la vie en relief et font invariablement croire en de beaux lendemains...

Une photo prise au coeur de Montréal, où l'urbanité est extrêmement présente. Voir cette nature tentant de reprendre le dessus m'a impressionnée. Cela m'évoque toujours de beaux lendemains si la nature reprend ses droits.

En face de mon appartement, par hasard…… un mur de brique rouge assorti à sa propriétaire…

Le 29 juin 2002, quelque part entre Montparnasse et la place de la Bastille.

Utilisant un film E6 destiné ensuite à un traitement croisé C41 afin d'obtenir des couleurs plus vives et denses, j'avais décidé cette fois-ci d'essayer de montrer ce que l'on peut ressentir et voir dans une manifestation comme une Gay Pride à travers les images.

L'ouverture de l'objectif fixé à f8 je laisse alors le flou de bouger faire le reste de son travail. Dans ce genre de manifestation, on n'a jamais réellement l'occasion de bien voir les choses ou les gens autour, juste des couleurs ou une étincelle de lumière peuvent s'imprimer sur votre rétine. Et finalement c'est ce qui vous marque le plus ...

Je fais un peu suite à ce que j'écrivais pour accompagner ma photo "... et les mains en l'air" postée à la génération 5. Le Millenium Park à Chicago est un autre exemple d'espace urbain transformé par l'art, en terrain de découverte et musée à ciel ouvert. Ainsi la Crowne Fountain de Jaume Plensa est-elle, de jour comme de nuit, le théâtre d'un double spectacle : celui de l'installation elle-même qui présente notamment une succession de visages monumentaux mais également de ceux qui interagissent avec elle, surtout en été, pour se rafraîchir avec cette eau bien réelle sortant tout droit de ce visage composé de millions de pixels...